Tokara Inadani 2017 1


Introduction

Pratiquement au même moment où j’ai commencé ce site (décembre 2016), je cherchais à trouver une façon originale d’en apprendre plus sur le Taiko et me diriez vous quoi de plus originale que de partir au Japon ! C’est ainsi que lors du mois de Juin 2017 j’ai eu la chance d’aller au Japon et de rencontrer différents joueurs de Taiko. Le point d’orgue de ce voyage était ma participation au stage de Taiko Inadani avec le groupe de Wadaiko Tokara sous la direction d’Art Lee.

Ce long article va être consacré à la présentation du stage et mon retour d’expérience.

Tokara Inadani officiellement c’est quoi ?

Suivant le synopsis du site (et ma traduction)

Tokara Inadani est conçu pour amener le joueur de taiko à mieux comprendre et appréhender l’art du Wadaiko au Japon. Pour cette raison, le site de formation, niché entre les montagnes de Shimoina, a été spécifiquement choisi pour améliorer une expérience et une atmosphère qui ne peuvent être tenues dans n’importe quel autre pays du monde. Ce cours offre une expérience unique au coeur du Japon dans la Préfecture de Nagano. C’est ici que le taiko, en tant que mouvement artistique, a été créé. Chaque participant sera entouré et immergé dans la culture d’où vient le cœur et l’esprit du Wadaiko.

En plus simple c’est quoi ?

Pour faire simple il s’agit de passer 5 jours au milieu du Japon à jouer du tambour avec une vingtaine d’autres personnes venant du monde entier afin d’en apprendre plus sur la pratique du Taiko (mais pas que…) sous l’égide du groupe de Wadaiko Tokara et de présenter (éventuellement) le résultat de ce dur labeur lors d’un festival de Taiko.

Mais pour résumer au final « SPOILER ALERT »  il s’agit tout simplement de passer une expérience incroyable avec d’autres joueurs du monde entier !

Où ?

Les cours ont lieu dans une salle de spectacle de 500 places en plein cœur de la ville de Iida dans la préfecture de Nagano. Pour ceux qui seraient un peu faible en géographie du Japon cette ville se situe au centre d’un triangle Nagoya – Mont Fuji – Matsumoto en plein coeur du Japon.

Le logement par contre se situe à une quinzaine de kilomètres de Iida dans un ryokan appellé Misaka Ryokan dans le village Hirugami Onsen. La grande spécificité de ce lieu est que son propriétaire est un ancien joueur de Taiko et que le ryokan possède son propre onsen (intérieur et extérieur!). Après une journée de dur labeur je vous garantis que l’on apprécie énormément ce genre de facilité.

A noter : Afin de rendre le prix du stage accessible au plus grand nombre, les chambres (ou appartements) du ryokan sont partagés à plusieurs (entre 3 et 4 par chambre)

Wadaiko Tokara

Suivant le synopsis du site (et ma traduction)

Wadaiko Tokara a été fondé le 7 mars 2004 dans la ville japonaise de Iida dans la préfecture de Nagano par l’artiste Art Lee. Il y a réuni différents pratiquants de taiko et de percussion voulant relever le défi d’une formation intensifiée de l’esprit et du corps dans la stricte discipline du taiko. Depuis lors TOKARA est devenue une force forte dans le monde de Wadaiko au Japon et à l’international.

 

Tout en intégrant les arrangements des pièces Taiko traditionnelles dans leur performance, Tokara a créé un tout nouveau style de Taiko, où la vitesse et le pouvoir électrifiant rencontrent les propres arrangements artistique et scénique du groupe qui incorporent la danse et la fluidité circulaire des arts martiaux chinois et de l’aïkido. Le nouveau style musical de Tokara incorpore également des signatures de rythmes d’autres cultures du monde entier pour créer un style jazzy et passionnant de musique taiko.

 

En plus des tournées internationales, Tokara a créé un programme éducatif unique pour amener les amateurs et les groupes de Taiko au Japon pour différents types de formation. Le groupe produit annuellement le festival Saiwai Shimoina Wadaiko, ainsi que deux programmes d’éducation intensive primés : Le cours INADANI Taiko Drumming pour les débutants et le TOKARA Wadaiko Bootcamp pour les praticiens intermédiaires / avancés.

Les membres du groupe Tokara Art Lee, Yukari Ichise et Dean Havixback ont été nos professeurs lors de ce stage.

Le programme

Le stage se déroule sur 5 jours entre le lundi et le vendredi. Les stagiaires sont invités à arriver la veille (le dimanche) au ryokan pour un debriefing/repas informel et commencer à rencontrer les autres personnes. Durant ces 5 jours passés on peut distinguer 3 types de période

  • Les périodes d’apprentissage du Taiko (3 jours et demi)
  • Les ouvertures (une demi journée)
  • Les visites (une journée)

Disclaimer : Les durées peuvent fluctuer grandement suivant les années. Celles affichées sont simplement présent à titre indicatif pour l’édition 2017.

Le 6e jour est consacré au festival Saiwai Shimoina Wadaiko. Les stagiaires peuvent y jouer le matin avec d’autres groupes amateurs et ils sont invités le soir au concert des groupes professionnels dont Tokara.

L’apprentissage du Taiko

Raison d’être du stage l’apprentissage du Taiko est le moment où « le sang, les larmes et la sueur » nous ont été promis par Art Lee. Pour ma part pas de larmes mais le reste est garantie !

D’un point de vue pratique les cours ont lieu en anglais. Pour ma part c’est l’une des raisons qui m’a fait choisir ce stage. Si vous l’avez déjà fait (ou non) mais trouver un stage de Taiko au Japon donné dans une langue autre que le Japonais est assez challenging ! Donc quand j’ai découvert le site Internet de Tokara après le concert « Never the Twain » sur Paris, je n’ai pas hésité très longtemps.

Après avoir fait connaissance avec les instruments et revu les fondamentaux rythmique de base, Art , Yukari et Dean se sont relayés au travers des 5 jours pour nous enseigner des morceaux de musique. A travers ces morceaux et les dizaines de répétitions et de décompositions (faire ses gammes quoi…) on a pu petit à petit devenir familier avec ces morceaux et ainsi améliorer notre niveau de pratique. Les deux morceaux retenues pour cette année ont été Chichibu Yatai Bayashi et Tonbane.

NB: Si vous êtes curieux vous pouvez retrouver un excellent article sur Yatai Bayashi de Benjamin Pachter à cette adresse.

Personnellement Yatai Bayashi a été une galère réelle à apprendre… Ce morceau est tout sauf simple et ne s’apprend pas en quelques jours. C’est pourquoi j’ai sorti les rames pendant les 3 premiers jours du stage à chaque fois qu’on l’apprenait. Mais de manière assez surprenante l’environnement a fait que lors de la représentation finale lors du festival tout s’est plutôt bien passé (même si je me suis trompé hein!).

Par contre Tonbane a été un vrai coup de coeur ! C’est un morceau plus simple mais qui peut se révéler très technique et il correspondait définitivement mieux au côté festif et dansant que j’apprécie dans le Taiko.

 

Les ouvertures culturelles

Comme vous le savez sans doute la pratique du Taiko n’est pas isolé dans le temps et l’espace. Il fait parti intégrante des arts traditionnels Japonais aussi bien lors des festivals que lors de cérémonies religieuses. Du fait de son imbrication avec d’autres formes d’art, le stage incorpore un moment pour découvrir ces autres arts. Cette année il s’agissait d’apprendre la danse du lion japonais connue sous le nom de shishi-mai. 

Grrraaaooouuuu !!

Pendant une demi journée nous avons donc appris à faire le lion par groupe de 4 personnes… Alors oui on était un peu ridicule mais comme on dit le ridicule ne tue pas ! Et cela a été une bonne occasion de rigolade mais aussi de découverte et de partage.

Les visites

En milieu de semaine nous avons eu l’occasion de pouvoir aller visiter un fabricant de Wadaiko dans le nord du Japon : Asano Taiko. Cette visite nous a pris effectivement toute la journée en minibus entre Iida City et Hakusan.

Trajet entre Iida et Asano Taiko

Vous me direz quelle utilité de passer une journée dans un minibus au lieu de jouer du taiko ? Et bien il y a plusieurs raisons à cela.

  • D’un point de vue pratique : les mains ! En effet après 3 jours de pratique intensive et de multiples ampoules aux mains, il est bienvenue d’avoir un break pour laisser la peau se remettre un peu après autant d’effort. Il en est de même aussi pour le corps. Même si ce n’est pas forcément très reposant les transports pouvoir laisser le corps se reposer un peu n’est pas pour déplaire.
  • D’un point de vue touristique : Les paysages ! Arpenter les autoroutes japonaises permet d’admirer différents paysages (bords de mers, urbains ou dans les montagnes). Personnellement il est à noter aussi que c’était la première fois où je me suis arrêter sur une aire d’autoroute japonaise… Important non mais pour un étranger c’est un point de comparaison intéressant.
  • D’un point de vue sociale : Séance de questions/réponses ! Il faut bien passer le temps dans un minibus donc rien de tel que de parler de tout et de rien surtout avec nos instructeurs. En effet nos professeurs n’étant pas forcément disponibles à la causette lorsque l’on joue, ce temps permet de connaitre un peu plus sur leurs parcours, leurs anecdotes, leurs histoires et leurs envies. C’est ce que l’on appelle un temps sociale tout à fait appréciable et recommandable
  • D’un point de vue mémoire : Répétition ! Je vous en ai parler un peu auparavant l’un de nos exercices consistait à apprendre un morceau assez complexe. Donc quoi de meilleur que de prendre le temps du trajet pour le réviser et améliorer sa connaissance voire apprendre la suite…
  • D’un point de vue Taiko : Musée et boutique ! Après 4 heures de route et une pause déjeuner dans un restaurant de sushi Asano Taiko peut se dévoiler. Dans ce lieu on retrouve en fait 3 partie distinctes: Le musée, les ateliers et la boutique.

Le musée

Dans ce musée on retrouve une partie sur la fabrication des Wadaikos étape par étape mais aussi tout un historique des tambours existants à travers le monde. Il est ainsi possible de pouvoir voir mais aussi essayer différents types de tambours et percussions.

Mais l’un des intérêts principaux du musée c’est de pouvoir jouer des instruments ! Et certains ne s’y sont pas trompés.

Les ateliers

Ici il n’est pas possible de visiter à moins que vous ayez vos entrées. En effet il s’agit d’une zone industrielle donc ayant ces règles de sécurité et il n’existe pas encore de tour de visite.

La boutique

C’est ici que l’on craque son porte monnaie ! On retrouve un large choix de baguettes, de tambours, d’accessoires, de swag, de cd/dvd mais aussi de flûtes et autres instruments de musiques. Pour tout amateur de Taiko il est difficilement de ne pas craquer car autant de bons produits réunis en un seul endroit est assez rare. Donc quand on a la chance de pouvoir y aller on ne se prive pas ou en tout cas on essaie d’être raisonnable !

A noter en passant que puisque l’on fait partie du stage Inadani on a le droit à une réduction sur une partie du magasin 😉

 

Le festival

Il y a beaucoup de choses à dire sur le festival, il aura donc son propre article dans les jours à venir… Stay tuned…

 

Une journée typique

Pour vous donner une idée de l’ambiance lors du stage je vais essayer de vous faire une radiographie (non exhaustive) d’une journée

Entre 6h et 9h: Suivant le décalage horaire de chacun, les participants se lèvent et vont passer un peu de temps dans l’onsen ou vérifier les emails et les news du monde dans le seul endroit du ryokan possédant le wifi. J’ai oublié de préciser mais le wifi n’est pas accessible depuis les chambres.
A partir de 8h30/9h: Le petit déjeuner est servi. On parle ici de petit déjeuner japonais ! Donc riz, poissons et légumes obligatoire. Honnêtement on s’y fait très vite et je vous garantis que cela vous manque lorsque l’on rentre chez soi.

Un peu avant 10h: Départ pour la salle communale à Iida City en minibus. Il faut compter une bonne vingtaine de minutes
Vers 10h: Arrivé à la salle, préparation des affaires (baguettes, pansement, chaussures…) et échauffement énergique par Dean ! Par énergique je parle aussi bien d’étirements que d’exercices physiques comme des pompes ou des abdominaux.


Vers 10h30: Préparation des instruments. Certains tambours comme les Shime sont des tambours à cordes. Et dès que l’on parle de corde dans n’importe quel instrument de musique ces cordes doivent être tendues (accordées) pour obtenir un son adéquat. Sauf que pour les Shimes c’est le cerclage complet de l’instrument qui doit être tendu pour obtenir un son très aigu caractéristique de cet instrument. Donc pour allier l’utile à l’agréable on a passé chaque matinée à tendre physiquement les cordes. Après on peut dire que l’on est chaud !

Vers 11h00 jusqu’à 12h30: Première séance de pratique du Taiko. Il peut s’agir d’exercices rythmiques ou d’apprentissages d’un morceau.


A partir de 12h30 pour une durée d’une heure : Pause déjeuner. Non loin de la salle de répétition se trouve un supermarché dans lequel on trouve de quoi se sustenter.
Vers 13h30: Petit cours/discussion sur un sujet particulier (histoire, instrument…).
Vers 14h15 jusqu’à 16h : Seconde séance de pratique de Taiko. Généralement répétition d’un morceau


A partir de 16h15: Transfert vers le Ryokan (ou quartier libre pour ceux qui veulent rester sur Iida)
Vers 17h jusqu’à 19h: Quartier libre au Ryokan. Généralement c’est le rush hour au niveau du onsen mais aussi pour les places autour du wifi ^^

A partir de 19h: Repas du soir ! Après une dure journée il en faut des calories ! Mention spéciale aux tenanciers du ryokan qui sont juste des excellent chefs et qui lors de ces 5 jours n’ont jamais servi 2 fois le même plat !

Vers 20h: Quartier libre au Ryokan. Onsen pour les retardataires ou le plus souvent répétitions du morceaux appris dans la journée. Sans taiko bien entendu mais avec les mains ou les doigts sur une surface plate comme le bord d’un comptoir de bar (car oui il y a un bar dans le ryokan), sur le rebords d’une table ou tout simplement sur les cuisses. Ensuite les discussions s’enchaînent sur divers sujets.
Vers 22h/23h: Il est temps d’aller dormir !

 

Au final…

Ne tournons pas autour du pot, si vous avez le temps et les finances c’est une expérience à faire absolument ! Durant ce stage vous trouverez assurément quelque chose vous permettant d’enrichir votre expérience autour de la pratique du Taiko.

  • Les artistes sont accueillants, simples, chaleureux et accessibles. Ils peuvent répondre à de nombreuses questions aussi bien sur la pratique que sur l’histoire que les coutumes japonaises.
  • C’est un lieu et un moment de rencontre et d’échange avec la communauté Taiko. Beaucoup de liens se créent et de nombreuses astuces/histoires sont échangées.
  • Level up ! Définitivement après ce stage vous sentirez une nouvelle énergie pour la suite de l’apprentissage de cet art. Personnellement avec mon année d’expérience je n’aurais jamais pensé que j’aurais été capable d’apprendre et d’assimiler autant en si peu de temps. Et pourtant c’est possible ! La confiance prend un coup de boost !
  • L’environnement et le cadre du stage peuvent paraître cloisonnés et spartiates mais c’est le but recherché. On mange, on joue, on parle et on dort Taiko pendant 5 jours. On coupe certains liens et on se concentre uniquement sur ce pourquoi on est venu. Se faire plaisir autour d’un instrument de musique.
  • For the show ! Lors du festival jouer dans une salle de 500 places c’est quand même une expérience ! Même si on se trompe (car je me suis trompé plus d’une fois) le but est de profiter de ce moment et de se faire plaisir. Mon seul petit regret c’est de ne pas avoir eu un enregistrement vidéo de notre prestation lors du festival. Cela me donne sans doute une bonne raison d’y retourner 😉

Donc ouais… Inadani c’est vraiment cool !

 


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